Métaphores pour comprendre l’accompagnement

Certaines images aident à se repérer dans ce qui se joue en séance et entre les séances.

Les constantes ou ingrédients présents dans toutes ces images : le temps, la volonté, la régularité, revenir sur ses passés pour les dénouer.


Ces métaphores n'ont pas été choisies au préalable pour tenter d'expliquer les processus à l'oeuvre dans un travail sur soi et dans les traversées.

Elles se sont manifestées en mon for intérieur comme des représentations au plus proche de ce que j'observais, qui se répétait.

Le jardin et le jardinier

Imaginez. On vous informe que vous devenez propriétaire d’un jardin. Vous ne l’avez jamais vu. Vous y pensez, et des idées vous viennent : des fleurs, un potager, du gazon…

À la première visite, vous découvrez un terrain en friche, laissé à l’abandon. Il peut y avoir de la déception, de la frustration, peut-être même l’envie de laisser tomber. Mais c’est votre terrain, et vous vous sentez responsable.

Alors une méthode doit être mise en place. Avant de planter, il faut observer, défricher, enlever ce qui étouffe, laisser parfois la terre se reposer, puis revenir, sentir. Peu à peu, le jardinier intérieur apprend à reconnaître les cycles, à écouter la terre de son être.

Lecture possible. Ce jardin, c’est votre vie intérieure : émotions, réactions, histoires anciennes, zones fertiles et zones en friche. Le travail ne consiste pas à obtenir un jardin « parfait », mais à apprendre à voir ce qui est là, à enlever ce qui étouffe, à laisser respirer.
Se déclenchent en soi des processus relevant d'un bon sens, de la cohérence, de l'organisation de ses vécus intérieurs. 

J’y fais souvent référence dans les accompagnements de connaissance de soi et de gestion des émotions & stress. Quand, ailleurs sur le site, je parle de « jardin intérieur », c’est à cette image que je fais écho.

De l’éponge au grillage

Beaucoup arrivent “comme des éponges”, saturées d’émotions et d’énergies absorbées. Le monde extérieur semble venir se stocker en soi et le saturer. Pris au piège à subir et à se victimiser... et surtout à devenir ce que l'on ressent et à le partager dans ses relations.

Le travail consiste d’abord à se clarifier, débroussailler, la métaphore du jardin et du jardinier,

Dans un deuxième temps, apprendre à s'affranchir de ses émotions - passer d'un "je suis en colère" à "je suis traversé par de la colère" - C'est une traversée de transformation essentielle : devenir tel(le) un grillage : poreux, vivant, traversé sans être envahi, toujours là, quelle que soient les météos.

Dans un troisième temps, être en mesure de discerner ce qui nous arrive de l'intérieur et de l'extérieur.

Lecture possible. Cette métaphore parle de limites : où je commence, où je finis, ce qui m’appartient, ce qui ne m’appartient pas. Être « grillage » ne signifie pas devenir froid ou indifférent, mais laisser passer ce qui traverse, sans tout garder en mémoire dans le corps.

J’y fais souvent référence pour les thèmes de gestion des émotions, hypersensibilité, stress. Quand, sur d’autres pages, je parle d’« éponge » ou de « grillage », cela renvoie à ce mouvement : ne plus tout absorber, mais laisser circuler.

Chauffeur de bus, navigateur et explorateur

Au début, je suis comme un chauffeur de bus expérimenté : je connais la route, sans savoir d’avance votre destination. Ensemble, nous suivons le trajet inscrit dans votre propre carte intérieure.

Puis vient le temps de la navigation : apprendre à tenir la barre, sentir le vent et les courants, reconnaître les tempêtes intérieures. C’est là que naît l’autonomie, la conscience du mouvement, la joie de naviguer.

Chaque traversée ouvre à une compréhension plus fine de soi-même. Les séances deviennent alors des escales conscientes, des lieux d’ajustement, de respiration et d’intégration.

Mon rôle : être passeur, afin que vous deveniez le navigateur de votre propre vie.

Lecture possible. Cette image décrit le chemin de l’accompagnement : au début, vous vous appuyez sur mon expérience (le chauffeur de bus), puis peu à peu vous apprenez à lire vos cartes, vos courants, vos repères intérieurs (le navigateur et l’explorateur).

Elle traverse à la fois les accompagnements de connaissance de soi et d’exploration de la conscience. Quand j’évoque ailleurs « la barre », « naviguer » ou « crever la brume », c’est cette posture de navigateur que je vise.

La montgolfière

On ne peut s'élever si quelque chose nous retient.

Cette métaphore concerne celles et ceux qui désirent vivre une expérience non ordinaire, connaître des espaces élargis, un sentiment d'immensité, la lumière et autres descriptions que l'on trouve dans nombre de témoignages.

Ce n'est pas qu'une image, ça semble être tout simplement fonctionnel : nos émotions "basses", nos problématiques intérieures bien actives nous empêchent de nous élever.

Imaginez vous... vous vous êtes intéressé(e) au vol en montgolfière et aux sensations, impressions, souvenirs que ça procure. Et un jour vous apprenez qu'il y a des baptêmes. L'idée d'y participer fait sens et vous attire. "j'y vais ? ..." . Une impulsion, et vous y voilà inscrit(e). Tout naturellement, quand l'on s'engage, des émotions particulières font surface et s'expriment. Le jour venu, ces émotions, pensées peuvent devenir encore plus expressives, plus localisées dans le corps, "ça prend aux tripes" parfois. Vous voilà sur les lieux, nombre de montgolfières sont prêtes à s'élever, la votre vous attend, vous avez repéré son numéro inscrit sur son enveloppe qui est bien gonflée et sa nacelle qui semble commencer à bouger. Par réflexe, vous vous empressez de la rejoindre. Empressement - au sens d'une sensation de resserrement - , des questionnements, des doutes; "ne pas rater ce voyage". En vous sont mêlées tas d'émotions contradictoires : attraction, désir, appréhension, besoin de savoir, parfois du vécu encore bien actif qui se manifeste aussi.

Sans trop savoir comment, vous vous retrouvez dans la nacelle, c'est une montgolfière sans assistance intérieure, vous êtes aux commandes. Peut être un moment de panique : que faut-il faire pour monter comme les autres ? Vous tirez sur la poignée pour augmenter le volume de gaz chaud et provoquer l'élévation.

...

Autour de vous, c'est un spectacle particulier, ces grosses boules qui montent. Vous sentez que quelque chose cloche, ça semble ne pas monter pour vous. Vous regardez par dessus la nacelle que vous sentez en mouvements. Elle est à un ou deux mètres au-dessus du sol, ça semble tirer. Vous apercevez qu'il y a des cordes d'amarrage, dans la nacelle à vos pieds, des sacs servant de lest. Vous n'avez pas pensé préparer le décollage, quelque peu aveuglé(e) par l'idée de ne pas rater le voyage. Vous voilà dans un entre-deux.

Lecture possible. Cette image illustre ce qui se passe quand on souhaite vivre une expérience très ouverte (montée de la montgolfière) alors que des peurs, des chocs ou des tensions profondes (cordes, lests) retiennent encore. La question n’est pas de forcer le décollage, mais de voir ce qui attache, ce qui pèse, pour pouvoir s’en occuper.

J’y fais référence dans les accompagnements d’expériences non ordinaires et dans le cadre des ateliers AMIH / PCH / HIGH. Lorsque, ailleurs sur le site, je parle de « montgolfière » ou de « préparer le décollage », c’est cette façon d’ajuster l’intérieur avant de s’ouvrir à plus vaste qui est en jeu.