Les expériences non ordinaires – carnet d’exploration
Pourquoi un dossier sur les « expériences non ordinaires » ?
Certaines expériences bousculent le cadre « normal » de la réalité : rêves très vifs, impressions de présence, vécus à la limite de la sortie du corps, souvenirs de vies antérieures, moments de conscience élargie…
Elles peuvent émerveiller, questionner, ou faire peur.
Ce dossier n’a pas pour but d’imposer une croyance ou une explication, mais de proposer des repères d’exploration : du point de vue de la personne qui vit l’expérience, et du point de vue de l’accompagnant qui navigue à ses côtés.
L’enjeu n’est pas de trancher entre « vrai » ou « pas vrai », mais de voir comment ces expériences transforment, ou non, votre rapport à vous-même, à la vie, à la mort.
Ce que vous trouverez ici
- 1. Est-ce réel ? De quoi parle-t-on exactement ?
- 2. À quoi cela peut ressembler ?
- 3. Ce que ces expériences peuvent changer en soi
- 4. Avant, pendant, après une expérience
- 5. Dimension spirituelle, au-delà des dogmes
- 6. Point de vue de l’accompagnant
- 7. Regards croisés : expérienceur et accompagnant
- 8. Pour aller plus loin
Est-ce réel ? De quoi parle-t-on exactement ?
Par « expériences non ordinaires », j’entends des vécus intérieurs qui semblent dépasser le cadre habituel : productions de l’imaginaire ou de l’inconscient en état d’hypnose, rêves très vifs, impressions de présence, moments de conscience élargie, etc.
Pour certains, ces expériences restent au registre du symbolique ou du psychologique. Pour d’autres, elles touchent à quelque chose de plus vaste, parfois nommé spirituel. Plutôt que de trancher, ce dossier propose une manière de les habiter avec lucidité, sans dramatiser ni minimiser.
À quoi cela peut-il ressembler quand on ne l’a jamais vécu ?
Quand on ne les a jamais vécues, on peut les comparer à :
- une expérience immersive avec un casque de réalité virtuelle,
- un rêve éveillé ou lucide, plus ou moins dirigé,
- un voyage chamanique (sans tambour),
- un voyage astral ou une sortie de corps consciente,
- une expérience de yoga nidra ou yoga du rêve,
- un songe particulièrement marquant,
- une hallucination qui interroge,
- une « simple imagination »… mais qui laisse une trace étonnamment forte,
- ou… rien de particulier, et c’est très bien ainsi.
Ce que ces expériences peuvent apporter
Résolutions intérieures sans tout comprendre
Fréquemment, des nœuds ou conflits internes se dénouent au fil de ces explorations. On constate des états de mieux-être qui s’installent : moins de peur, plus de paix, plus de cohérence intérieure.
Parfois, des problématiques se transforment sans qu’il y ait eu compréhension intellectuelle détaillée. C’est perturbant pour le mental, mais le corps, lui, respire différemment, et le quotidien devient plus vivable.
Une mémoire d’expérience qui reste
On pourrait dire que l’on utilise de façon volontaire et consciente une fonction naturelle des rêves nocturnes, mais en restant éveillé et en conversant.
Les perceptions, sensations, émotions, images internes (comme des sens « intérieurs » : visuel, auditif, kinesthésique…) sont vécues en conscience et laissent une empreinte durable.
Il arrive que l’on ait le sentiment d’avoir vécu quelque chose de plus intense, plus « vrai » que bien des scènes ordinaires du quotidien.
À retenir : l’important n’est pas de « prouver » mais de sentir si cette expérience vous aide à vivre plus apaisé(e), plus aligné(e).
Avant, pendant, après une expérience non ordinaire
Avant : attentes, curiosité, appréhensions
« Et si je n’y arrivais pas ? », « Et si je voyais quelque chose qui me fait peur ? », « Et si je ne voyais rien du tout ? »
Souvent, on se conditionne pour se préparer à perdre le contrôle de soi, à vouloir à tout prix un lâcher prise. Or c’est l’inverse qui se passe.
Lorsque ce travail s’inscrit dans une certaine régularité, je peux le considérer comme une forme de psychanalyse spirituelle : une enquête intérieure, approfondie, respectueuse, à la frontière du psychologique et de l’existentiel.
Pendant l’expérience : entre étonnement et familiarité
Une fois entré en état modifié de conscience, le vécu peut prendre des formes variées : images, ressentis, impressions, symboles, dialogues intérieurs…
Il n’y a pas de « bonne manière » de vivre l’expérience, et chaque expérience nouvelle peut être complètement différente des précédentes. C'est le principe même d'explorer: se retrouver dans l'étonnement, vivre dans l'insoupçonné.
Certains témoignent d’une sensation de glisser dans un rêve éveillé, d’autres d’une présence très claire de ce qui se vit, comme si c’était « plus réel que le réel ». D’autres encore ne voient presque rien, mais sentent des déplacements intérieurs profonds.
« C’est étrange, j’ai l’impression d’avoir rêvé… mais je me souviens de tout. »
« Je ne sais pas si c’est vrai, mais quelque chose s’est apaisé. »
Après : retomber sur ses pieds… autrement
Au retour, la plupart des personnes reprennent pied dans le quotidien avec une sensation double : à la fois la continuité d’elles-mêmes, et la trace d’un moment à part.
Parfois il n’y a pas de « grande révélation », mais un déplacement discret : un peu moins de peur, une autre façon de ressentir un deuil, une confiance plus intime dans le fait d’exister.
Le temps faisant son œuvre, ce sont souvent ces transformations subtiles qui, dans le temps, ont le plus de poids.
Scénariste, acteur, spectateur : positions intérieures
Pendant ces expériences, on peut se vivre tour à tour :
- spectateur : assister à ce qui se présente, comme à un film intérieur ;
- acteur : être dans la scène, ressentir, interagir ;
- scénariste : avoir le sentiment de « produire » ce qui se déroule.
Le plus souvent, ces positions se mélangent et fluctuent. L’expérience peut commencer comme un récit « imaginé », devenir très incarnée, puis repasser dans une simple perception d’ambiance ou de symboles.
« Au début j’avais l’impression d’inventer… puis à un moment, c’est l’expérience qui m’a emporté. »
« Je suis comme au-dessus de ce que je ressens, je ne vois pas mais je sais, comme si j’étais un oiseau. »
« J’ai vraiment la sensation d’être dedans et dehors en même temps, je ne peux l’expliquer que comme ça. »
Il n’est pas nécessaire de « lâcher prise parfaitement ». L’état se construit dans un dialogue continu entre vos ressentis, vos images, vos questions, et les propositions de l’accompagnant.
Du côté de l’accompagnant : tenir la barre sans diriger le voyage
Accompagner ce type d’expérience, ce n’est ni « piloter » la personne, ni la laisser seule au milieu de l’océan. C’est plutôt tenir une fonction de navigation assistée.
L’expérience montre aussi que s’il n’y a pas de pilotage ou de présence, l’expérience s’arrête d’elle-même ou bien glisse dans une relaxation voire un micro-sommeil, ce qui cadre et sécurise.
Concrètement, cela passe par :
- poser un cadre de sécurité clair (temps, limites, possibilité de s’arrêter à tout moment),
- écouter finement le corps, la respiration, les micro-hésitations,
- proposer des questions simples et ouvertes, propices à inviter la curiosité, pour préciser ce qui se vit, sans forcer l’interprétation,
- intervenir ponctuellement, comme on poserait la main sur la barre d’un navire, lorsque l’exploration dérive vers la peur ou la confusion,
- laisser des espaces de silence pour que l’expérience se déploie d’elle-même.
« Là où on pourrait chercher à “faire vivre quelque chose”, je privilégie l’écoute de ce qui vient déjà, même si c’est d’abord “rien”. »
Pour les accompagnants qui s’y intéressent, ce type de travail se situe à la frontière entre hypnose, psychologie des profondeurs et exploration spirituelle. Il demande autant de technique que de patience et de prudence dans les interprétations.
« Gardez-vous bien de comprendre. Jacques Lacan – dans l’un de ses séminaires
Le facteur temps : apprivoiser l’exploration
Contrairement à certaines promesses de « séances rapides » ou de « protocoles miracles », les expériences non ordinaires demandent souvent du temps, surtout au début :
- temps de mise en confiance,
- temps d’installation de l’état,
- temps de déroulement de l’expérience,
- temps de retour, d’intégration, de digestion.
Souvent l’expérience s’arrête d’elle-même, comme si ce qui devait être exploré l’était, sans qu’il soit utile d’aller plus loin.
Des indicateurs - vers une autonomie croissante
Au fil des séances, certaines personnes ressentent plus rapidement comment “entrer” dans cet espace d’exploration, puis en revenir. Cette capacité peut devenir un vrai support d’auto-régulation dans le quotidien.
Il s’observe aussi fréquemment l’installation d’une durée d’exploration. Je la considère comme un indicateur de progression dans l’autonomie d’exploration.
La durée propre à chaque personne est souvent plus importante que dans des accompagnements plus centrés sur la régulation émotionnelle de base. C’est ce temps qui permet de laisser l’inconscient travailler à son rythme, sans chercher à tout contrôler par le mental.
Quand l’inconnu touche au spirituel
Pour certains, ces expériences restent dans un registre symbolique ou psychologique. Pour d’autres, elles ouvrent sur une dimension clairement spirituelle : question de la survie de la conscience, des vies antérieures, de la présence des défunts…
Là encore, il ne s’agit pas de prouver quoi que ce soit, mais de voir si ce qui a été vécu permet :
- d’apaiser certaines peurs (notamment la peur de la mort),
- de transformer la relation à un deuil ou à une séparation,
- de se sentir davantage relié(e) et vivant(e).
Un exemple d’expérience guidée : expansion de la conscience
« Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. »
En séance, il arrive que l’on vive des moments où la conscience semble se « déployer » au-delà des limites habituelles : comme si le point de vue s’élargissait, tout en restant parfaitement présent à soi.
Voici, à titre d’illustration, la trame d’une expérience d’expansion de conscience que je peux proposer en accompagnement. Elle n’a rien de magique : c’est une façon structurée de prêter attention à ce qui est déjà là.
- Point de départ : souvent les yeux fermés, sentir le corps là où il est (points d’appui, respiration, température, poids du corps).
- Affiner la présence : remarquer les micro-sensations, les zones plus calmes, les zones plus chargées.
- Élargir doucement : laisser la perception se déployer au-delà de la peau, comme si l'on passait au travers de son corps, comme si celui-ci devenait plus poreux, plus ouvert à l’espace autour de soi, sans chercher à voir quoi que ce soit de particulier.
- Changer de point de vue : à certains moments, la personne peut se sentir comme un témoin plus vaste qui englobe la scène, comme si la vie quotidienne était repoussée au loin. Laisser le temps s'écouler dans ces sensations.
- Revenir et intégrer : revenir au corps en reprenant le chemin, aux appuis, au lieu où l’on est, en prenant le temps de noter ce qui a changé : respiration, sensations, regard sur une situation précise…
Important : il ne s’agit pas de chercher à « partir très loin », ni de forcer une expérience spectaculaire. L’essentiel est de voir comment ce type de vécu influence la façon de se sentir vivant(e), relié(e).
Quand ces vécus débordent : peurs, angoisses, obsessions
Parfois, ces phénomènes ne sont pas recherchés : ils s’imposent, dérangent, inquiètent.
Par exemple :
- sensations de présence difficiles à comprendre,
- rêves très réalistes qui semblent « plus que des rêves »,
- impression de percevoir le « monde des morts » ou des présences,
- peur envahissante de la mort,
- deuil qui ne s’apaise pas.
Revisiter ces vécus dans un cadre accompagné permet souvent de reconstruire un sentiment de sécurité intérieure et de laisser derrière soi certaines peurs ou obsessions, tout en respectant le rythme de chacun.
Quelques extraits de dialogues (anonymisés)
Les phrases ci-dessous sont inspirées de vécus réels, reformulées et anonymisées. Elles donnent une idée de ce qui peut se dire, du côté de la personne comme du côté de l’accompagnant.
Extrait 1 : au tout début d’une exploration
P : « J’ai peur de tout inventer… »
T : « Inventer, oui ! belle idée ! C'est à ça que sert l'imagination, à se laisser glisser dans des inventions.
Allez-y, laissez sortir tout ce qui vous passe par la tête, par les sensations.
Vous êtes en train de découvrir votre propre langage intérieur.
Et pensez à souvent expirer, ce soupir qui relâche et qui permet d'avancer dans l'exploration. »
P : « Je ne vois rien. »
T : « "Rien" est un mot vraiment intéressant, je le sais par expérience.
Un mot est toujours rattaché à une histoire ou une définition. Amusez-vous à devenir ce mot. Il a une histoire à vous raconter ce mot. »
P : « C'est bizarre mais j'ai envie de parler d'un endroit, que je ne connais pas. »
T : « Installez-vous là où vous êtes, comme en suspension.
Vous avez juste à vous laisser imprégner par ce qui vous entoure, et comme vous le savez, vous êtes ici dans cette pièce avec moi, et en même temps au coeur de ce que vous êtes en train de vivre.
Vous avez cette faculté d'être à plusieurs endroits à la fois.
Maintenant, prenez le temps de sentir : comment ça se passe pour vous ? Utilisez les mots qui vous viennent pour parler. Est-ce confortable, neutre, ou inconfortable ? »
P : « J'ai comme l'impression de sentir des murs, pas de cette époque, et aussi comme des bruits de foule. Je ne comprends pas ce que ça veut dire… »
T : « Voilà, continuez à vous laisser devenir ces murs, ces bruits de foule. »
Regards croisés : expérienceur et accompagnant
Du point de vue de la personne qui vit l’expérience
Pour la personne, l’expérience peut être :
- une traversée fondatrice qui change le rapport à la vie,
- une mise en question profonde de ses croyances,
- ou au contraire quelque chose de discret mais qui laisse une sensation de « déjà plus aligné(e) ».
Du point de vue de l’accompagnant
Du côté de l’accompagnant, il s’agit moins de « diriger » que de veiller à la qualité de la navigation : respecter le rythme, ajuster les questions, sécuriser le cadre, ouvrir des portes sans imposer de lecture.
Pour les accompagnants qui s’y intéressent, cette pratique peut se voir comme une navigation assistée dans les états modifiés de conscience : l’intervenant ajuste ponctuellement la trajectoire (comme on poserait la main sur la barre d’un navire), tout en laissant la personne rester au centre de son expérience.
Un travail qui s’appuie sur d’autres accompagnements
Les expériences non ordinaires ne flottent pas au-dessus de la vie quotidienne. Elles s’inscrivent dans un chemin plus large qui touche à :
- la régulation des émotions et du stress,
- la connaissance de soi (histoire personnelle, répétitions, liens),
- l’apprivoisement de l’inconnu et des changements de perspective.
Pour aller plus loin
Concrètement, ce travail s’articule souvent avec d’autres accompagnements proposés sur le site :
- Gestion des émotions & du stress
- Connaissance de soi
- Sevrages : tabac & addictions
- Hypnose spirituelle – vies antérieures
- Régressions dans le passé et hypnoanalyse
Pour les aspects plus pratiques et structurés de l’accompagnement autour de ces vécus, vous pouvez consulter :
Et pour approfondir la compréhension de l’hypnose et des états modifiés de conscience :